LE REGNE ANIMAL (2023)

L'histoire

Dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à peu certains humains en animaux, François fait tout pour sauver sa femme, touchée par ce phénomène mystérieux.

Alors que la région se peuple de créatures d'un nouveau genre, il embarque Émile, leur fils de 16 ans, dans une quête qui bouleversera à jamais leur existence.


L'AVIS DE SF-STORY****

POINTS POSITIFS ET NEGATIFS

+ Un film de S-F français bouleversant !

 

 

 

"Le Règne Animal" est un pur bijou de science-fiction à la française. Le réalisateur Thomas Cailley et sa co-scénariste Pauline Munier nous livrent une œuvre étonnamment profonde et captivante, en retrouvant des thèmes proches de son précédent film Les combattants (2014) : la fin de la civilisation telle que nous la connaissons, la transgression des règles... dans la région qu'il affectionne : les landes de Gascogne, ici magnifiquement photographiées.

 

Le film s'ouvre sur une scène choc qui plonge immédiatement le spectateur dans un monde où la maladie -la mutation de l'humain vers l'animal- est prégnante mais assimilée par la population. Puis, au cours du récit de quête (ou de fuite) d'un père et de son fils, Romain Duris et Paul Kircher admirables de justesse, se trouve une exploration nuancée de la transformation adolescente et du conflit intergénérationnel, il devient un récit d'apprentissage. La direction de la photographie est remarquable, avec des prises de vue qui capturent à la fois la beauté brutale et la fragilité des créatures et de la forêt, servant de toile de fond à une histoire profondément humaine. 

La bande-son de Andrea Laszlo De Simone apporte toute la tension et la poésie portée par une magnifique photographie : Emile dans les arbres de la lagune à la pleine lune est une image qui reste longtemps avec le spectateur après la fin du film.

 

Cailley fait preuve d'une maîtrise remarquable, Le Règne Animal est une réussite rare dans le domaine de la science-fiction française et égale les productions de blockbuster américaines en apportant une subtilité dans le traitement intimiste de cette exaltante animalisation.

HORS-CHAMP*

Une histoire de transmission

 

C'est en participant à un jury de la Fémis, l' École nationale supérieure des métiers de l'image et du son, que le réalisateur Thomas Cailley a trouvé le sujet de son nouveau film. Après la lecture d'un scénario écrit par Pauline Munier, dans lequel il était

question d’hybridation entre l’Homme et l’Animal...

Il déclare à ce propos : "J’ai eu le sentiment que cette métaphore était au croisement de tous les sujets que j’avais envie d’aborder alors : la transmission, les mondes qu’on souhaite léguer, ceux dont on hérite, qu’on détruit, ou qu’il reste peut-être encore à inventer.

J’ai proposé à Pauline que nous travaillions ensemble dans cette direction. Le Règne Animal suit la relation entre un jeune homme de 16 ans et son père, à un moment où, un peu partout dans le monde, la « part animale » de l’humain se réveille, comme un gène endormi, troublant la frontière invisible entre l’Humanité et la « Nature »." 

Un monde en mutation

 

Dans Le Règne Animal, la mutation et les mutants qui en résultent servent de base au film mais ce n'est pas ce qui intéressait le réalisateur, peu enclin au cinéma de genre : "...je serais incapable de citer dix films de mutants. Mais avec l’urgence écologique actuelle, je crois qu’il est vital d’inventer de nouveaux récits qui explorent nos interactions avec le reste du vivant. Non par le prisme de l’effondrement inévitable, ou d’un énième récit post-apocalyptique, mais en donnant à voir un élan vital, violent et créateur.

Une nouvelle frontière. L’idée de la mutation homme-animal permet d’aborder cette question avec un angle physique, concret, dans le corps des personnages. L’autre point qui m’a immédiatement intéressé, c’est de faire advenir ces mutations dans le monde d’aujourd’hui.

J’adore Starship Troopers de Paul Verhoeven et les films de Hayao Miyazaki, mais je ne voulais pas projeter le récit dans un futur lointain ou en faire un pur conte. Je tiens beaucoup à cette irruption du fantastique dans nos vies de tous les jours. Cette friction entre le réel et la fiction est une source précieuse d’empathie, de décalages, de dérèglements, de comédie." 

Spectaculaire et intimiste

 

Le Règne animal possède une particularité assez unique pour le cinéma français, une proposition à la fois spectaculaire et intime. 

Le spectaculaire apparaît très tôt dès la scène d'introduction de l'embouteillage, une créature, mi-homme mi-rapace, s’enfuit fugitivement, sans que le spectateur ne soit préparé à cela. D'emblée on voit que la mutation est partout présente et que la société est obligée de continuer à fonctionner normalement et de de faire avec, sans avoir à se remettre en question. Le réalisateur Thomas Cailley tenait à ce qu’on rentre dans le

cœur du sujet dès la première séquence, sans préparation, dans ce qui est devenu pour les personnages du film une nouvelle réalité. D’où cette scène d’embouteillage, très quotidienne où surgit une créature qui sème le chaos. Il déclare à ce propos : "Nous avons commencé l’écriture en 2019. Quelques semaines plus tard le covid était partout, nous étions confinés. Les événements autour de nous ont validé cet instinct : on s’adapte très vite. Au bout de quelques semaines on trouvait normal de voir des troupeaux de sangliers dans les centres villes déserts et des couvre-feux à répétition. La norme s’était déplacée.

Le réalisateur a aussi voulu un film intimiste, "à hauteur de personnages. Le ton, le genre s’adaptent à leur quête, qui est tour à tour physique, sensorielle, existentielle… Pour moi la coexistence du drame et de la comédie, de l’action et de la contemplation, de l’intimité et du spectaculaire rendent le film plus inattendu et vivant. Ce mélange des genres est à la base de mon désir de cinéma. 

Si on parle de références, j’ai autant pensé à Un monde parfait de Clint Eastwood ou À bout de course de Sydney Lumet qu’à Thelma et Louise de Ridley Scott ou à The Host de Bong-Joon Ho.

Ce sont des films poreux, construits autour de leurs personnages, qui privilégient l’émotion et dépassent les contraintes du genre (la cavale, le thriller) pour proposer un spectacle total". déclarait-il. 

Métamorphoses

 

Dans le film, des humains se transforment en animaux grâce aux effets spéciaux. Le réalisateur Thomas Cailley avait l’idée d’une mutation «lente et réaliste ». Sur les premiers mois d'écriture du scénario, il a travaillé avec Frederik Peeters, un auteur de bande-dessiné suisse avec lequel il a développé tout un bestiaire avec des hommes-oiseaux et des femmes-reptiles. Ensuite, des créateurs ont repris ces dessins et ont travaillé sur la précision de l'anatomie, avec une approche plus réaliste, puis le casting du film a aussi impulsé des changements chez les mutants : un homme-calamar est finalement devenu une femme-poulpe après le casting d’une danseuse capable « d’abolir tous les angles de son corps" déclare le réalisateur.

Pour l'homme-oiseau interprété par Tom Mercier, des prothèses ont été ajoutées sur les bras de l'acteur lors du tournage. Dans une interview pour Brut de France Télévisions, le superviseur des effets spéciaux 2D Charles Farkas a intégré en post-production tous les éléments ensemble (scènes de tournage et ajouts numériques) "...pour faire une image réaliste, qui ne pose pas de question."

Le réalisateur ajoute : "Le film a une particularité : ce n’est pas simplement des effets numériques posés sur des images, mais on a aussi beaucoup d’effets hybrides, c’est-à-dire que les comédiens sont eux-mêmes prolongés par des prothèses (réalisées par l'Atelier69), elles-mêmes prolongées par des effets numériques."

Le superviseur des effets 3D Boris Kaufmann explique ensuite le processus final de création : "...on vient rajouter toute l’animation de l’aile, des plumes. Il faut avoir une logique physique du mouvement des plumes qui vient accompagner l’animation pour donner encore plus de réalisme."

Lieux de tournage

 

Le film a été entièrement tournée dans le Sud-Ouest de la France. Principalement dans le parc régional des Landes de Gascogne pour les scènes de forêts, mais aussi au Château de Bridoire à Ribagnac en Dordogne pour la scène de la fête de la Saint-Jean, au collège Fontaines de Monjous de Gradignan en Gironde pour les extérieurs du collège, à Castelmoron-sur-Lot en Lot-et-Garonne -la ville où François et Emile s'installent-, au Solar Café au pont de Castelmoron-sur-Lot dans le Lot-et-Garonne (le café au bord de la rivière), Le Fleix en Dordogne pour le site de l'accident de bus, la rue du Père Dieuzaide à Bordeaux pour la scène d'ouverture avec l'embouteillage...

Le tournage s'est terminé un mois après la date prévue en raison d'un incendie de forêt qui a détruit les décors du film en août 2022.

 

Récompenses

 

Le règne animal a obtenu plusieurs récompenses : 

  • Festival international du film de Catalogne de Sitges 2023 : meilleurs effets spéciaux,
  • Prix Louis-Delluc 2023,
  • Lumières de la presse internationale 2024 : Meilleure mise-en-scène pour Thomas Cailley.

Le film est nominé 12 fois pour les césars 2024et a obtenu 5 César :

  • Meilleur film pour Thomas Cailley
  • Meilleure réalisation pour Thomas Cailley
  • Meilleur acteur pour Romain Duris
  • Révélation masculine pour Paul Kircher
  • Meilleur scénario original pour Thomas Cailley et Pauline Munier
  • Meilleure musique originale pour Andrea Laszlo de Simone (César 2024)
  • Meilleure photographie pour David Cailley (César 2024)
  • Meilleur montage pour Lilian Corbeille
  • Meilleurs costumes pour Ariane Daurat (César 2024)
  • Meilleurs décors pour Julia Lemaire
  • Meilleurs effets visuels pour Cyrille Bonjean, Bruno Sommier et Jean-Louis Autret (César 2024)
  • Meilleur son pour Fabrice Osinski, Raphaël Sohier, Matthieu Fichet et Niels Barletta (César 2024)

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PHOTOS

Copyright Nord-Ouest Films - StudioCanal - France 2 Cinéma - Artémis Productions

AFFICHES


GENERIQUE

Le règne animal  (id.), 2023, Thomas Cailley, France / Belgique.

Son : Dolby Digital. Format d'image : 2.39. 

Réalisateur : Thomas CailleyDurée : 2h08.

Productions Nord-Ouest Films.

Co-production : Studio Canal, France 2 Cinéma, Artémis Productions. 

Distribution France : Studio Canal.

Producteurs : Pierre Guyard.

Producteur associé : Philip Boëffard, Christophe Rossignon.

Producteur exécutif : Ève Machuel.

Scénario : Thomas Cailley, Pauline Munier.

Directeur de la photographie : David Cailley.

Direction artistique : Julia Lemaire.

Décorateur plateau

Effets spéciaux  (sociétés) : Atelier69 (effets spéciaux maquillage), MPC, Mac Guff Ligne, MoveMatcherS (effetx visuels).

Montage : Lilian Corbeille.

Casting : Ophélie Brueder.

Musique : Andrea Laszlo De Simone.

Costumes : Ariane Daurat.

Interprètes :  Romain Duris (François Marindaze), Paul Kircher (Émile Marindaze), Adèle Exarchopoulos (Julia Izquierdo), Tom Mercier (Fix), Billie Blain (Nina Moktari), Xavier Aubert (Jacques), Saadia Bentaïeb (Naïma), Gabriel Caballero (Victor), Iliana Khelifa (Maëlle), Paul Muguruza (Jordan), Maëlle Benkimoun (Grenouille), Nathalie Richard (Professeure Valérie Beaudoin), Tom Rivoire (Lieutenant gendarmerie), Francois-Xavier Raffier (Gendarme Bonnel), Florence Deretz (Lana Marindaze), Louise Lehry (Professeure principale), Jean Boronat (Professeur EPS), Nicolas Avinée (Conducteur voisin), Sébastien Boissavit (Commandant gendarmerie), Anwar El Kadi (Gendarme infirmerie), Clément Corbiat (Gendarme accueil), Célia Lalande (Gendarme tour de guet), Maxime Sebile (Lycéen), Lillian Gauguin (Lycéen). Les créatures : Julien Pierre, Victoria Belen Martinez, Jérémy Marchand, Fabrice Colson, Clément Dazin, Ismael Bangoura, Maël Sauvaget, Nicolas Fabian...

Date de sortie française : 4 Octobre 2023 (Cinéma)

Budget estimé : 13M€.



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