L'EMPIRE (2024)

Le P'tit Quinquin dans l'espace

Avec L'Empire, le réalisateur Bruno Dumont (La vie de Jésus, Ma Loute, les séries P'tit Quinquin, Coincoin et les z'inhumains) nous offre sa version caustique et déjantée de La Guerre des étoiles transposée dans un petit village du nord de la France.

Le script originel mêle réalisme et envolées fantastiques : sous les dehors de la vie commune d’habitants d’un village de pêcheurs de la côte d’Opale, surgit la vie parallèle et épique de chevaliers d’empires interplanétaires. En proie aux luttes sanguinaires de ces clans à l’annonce de la naissance du Margat (nom donné aux marmots dans le Boulonnais), Prince résurgent, mauve et immonde, Bête de la Fin des Temps, et marmot d’un jeune couple séparé, à l’ordinaire de leur condition dans un quartier résidentiel...

L'espace, lieu métaphysique

Quand on lui pose la question sur l'intérêt qu'il porte aux thèmes et à l'univers des films intergalactiques tels que La Guerre des étoiles, le réalisateur s'exprime ainsi : "Au cinéma, les odyssées spatiales, avec plus ou moins de bonheur, sont un grand spectacle très cinématographique où se jouent métaphoriquement - pour ses accointances avec les lieux et les abîmes de notre vie intérieure - les grandes questions 

métaphysiques irrésolues de l’humanité : la quête de l’Absolu, l’origine et la fin du monde, la lutte du Bien et du Mal, l’Apocalypse, l’Exil, l’Invasion, les mystères de la Vie, de l’Amour… Le tout avec des héros mythologiques et légendaires sous les 

dehors et les ressorts inépuisables des lieux et des temps, ceux du passé, du présent et de l’avenir.

L’espace intergalactique au cinéma est ainsi un paysage représenté et naturellement fort méditatif, propice à la poussée de leurs vaisseaux à de grandes spéculations voire à de vrais « trips » , à l’au-delà de tout… 

L’infini n’y est même plus une abstraction, on le voit ; ainsi, beaucoup de questions et de mystères, inconcevables sur la terre, trouvent dans l’espace cinématographique sinon des réponses, au moins des représentations, c’est-à-dire déjà des équivalences. C’est donc un vrai lieu de connaissances et d’explorations pour que les mystères s’y pointent, ainsi que les échos les plus approchants de ceux de notre âme dont l’univers 

infini est le berceau. Cela peut être vraiment fabuleux."

Le péplum galactique de Freddy

Pour Bruno Dumont, la vision intergalactique de L'Empire est la présuite de son premier film naturaliste La vie de Jésus (1997), où l'on suivait la vie sociale de son héros, Freddy/Jésus, un chômeur du Nord de la France, entouré de sa bande...de ses apôtres, Cela rejoint d'ailleurs une citation de l'écrivain, scénariste et réalisateur français Emmanuel Carrère (Ouistreham) dans le magazine El Mundo : “L'histoire du christianisme ressemble à un récit de science-fiction.”

Pour le réalisateur Bruno Dumont : "Si La Vie de Jésus est un film naturaliste sur la coexistence du Bien et du Mal... L’Empire et son odyssée spatiale sont, forts de leur genre cinématographique et de sa puissance d’expression... une tentative d’exploration nouvelle - de transposition grandiose et spectaculaire - pour affronter et démêler ces forces humaines si enchevêtrées, secrètes et obscures… Points d’orgue du cinéma naturaliste. 

L’Empire raconte ainsi l’origine de cette coexistence de ces Forces... Préquel de La Vie de Jésus, L’Empire raconte, par la mythologie, l’origine de la présence des forces du Bien et du Mal sur Terre. Leurs conquêtes et leurs batailles. L’enfance de Freddy sur Terre... L’Empire et son péplum confinent vite aux commencements de l’histoire humaine sur la Terre ; une histoire immémoriale et toujours recommencée, autrement dit, à son mythe fondateur qui, universel, est planté et transfiguré ici dans l’époque contemporaine. À se conjuguer à leur registre propre - surnaturel et naturel - mythe et histoire posent dans L’Empire  les forces tumultueuses qui se jouent inexorablement dans la condition humaine, établissent ainsi les causes, les soubassements, dont La Vie de Jésus, comme nos vies, seront le récit naturaliste : le tremblement perpétuel."

Epique et naturaliste

Le réalisateur a joué sur les thématiques du cinéma de genre  : planètes antagonistes, forces adverses, rayons laser et cavaliers de l'apocalypse, il le définit ainsi : "Un genre épique, tout en Majuscule : le mythe avec tout l’attirail des Héros et des Vaisseaux spatiaux, les Idéaux bien séparés et distincts, le Bien d’un côté et Mal de l’autre ….

Un genre naturaliste, tout en minuscule : le réel et l’histoire avec la vicissitude de la condition humaine et l’enchevêtrement inexorable des passions. Là où tout est mêlé, la vie humaine dans laquelle tous les hommes et les femmes se démènent.

L’ensemble à la bascule continuelle du tragique et du comique parce qu’elle est l’effet majeur et le jeu naturel de cet assortiment, la planche savonnée, celle de la tragi-comédie de l’existence humaine."

Tournage

Le tournage de L'Empire a débuté dans le Boulonnais, région maritime et bocagère située sur le littoral de la Manche, dans le département du Pas-de-Calais, lieu de prédilection du réalisateur, entre le 1er août et le 15 septembre 2022, ainsi que sur la côte d’Opale entre Calais et Boulogne-sur-Mer. Plusieurs scènes sont également tournées à Wimereux (pour la plage des dunes de la Slack), ainsi qu'à Audresselles.

Casting évolutif et aléatoire

Piliers du décorum de Bruno Dumont, les personnages du commandant Van der Weyden incarné par le Calaisien Bernard Pruvost et son adjoint Carpentier (Philippe Jore) présents sur la série P’tit Quinquin, sont à l'affiche du film.

Les premières infos sur le casting du film en Janvier 2022 citaient les noms de Virginie Efira,  Lily-Rose Depp et Adèle Haenel mais fin Avril c'est finalement Lyna Khoudri et Camille Cottin, ainsi qu'Anamaria Vartolomei qui reprend le rôle d'Adèle Haenel. Cette dernière aurait abandonné son rôle suite à des désaccords avec le réalisateur Bruno Dumont sur le script. Dans le magazine allemand FAQ, elle déclarait :  "Le réalisateur Bruno Dumont m'a proposé un rôle dans un film de science-fiction. Au début, je me suis dit que ça avait l'air très amusant : une sorte de Luke Skywalker dans l'espace. Le problème, c'est que derrière cette façade amusante, c’était un monde sombre, sexiste et raciste." A voir pour juger sur pièces !

Quand au personnage qui incarne Joni (Brandon Vlieghe), il est passé par un dernier casting organisé quelques semaines

avant le début des prises de vues parce que le réalisateur avait

perdu l’acteur principal !

En compétition pour l'Ours d'Or de Berlin

La 74ème édition du Festival international du film de Berlin aura lieu du 15 au 25 Février 2024 et le film L'Empire a été sélectionné pour la compétition.

L'Empire (id.), 2024, Bruno Dumont, France / Allemagne / Italie / Belgique.

Son : NC . Format d'image : 2.35

Réalisateur : Bruno Dumont. Durée : 1h50.

Productions : Tessalit Productions, Red Balloon Film, Ascent Film, Novak Production, Furyo Films, Pictanovo, Canal+, Ciné+ et le support du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), Eurimages, Ministero della Cultura (MiC), Federation Wallonie-Bruxelles, MOIN Filmförderung Hamburg Schleswig-Holstein.

Distribution France : ARP Distribution

Producteurs : Rachid Bouchareb, Jean Bréhat, Bertrand Faivre, Muriel Merlin, Andrea Paris, Matteo Rovere.

Producteur associé : Steffen Gerdes, 

Producteur exécutif : 

Co-producteurs : Marta Alves, Dorothe Beinemeier, Olivier Dubois, Fabrizio Mosca, Joaquim Sapinho.

Scénario : Bruno Dumont.

Directeur de la photographie : David Chambille.

Direction artistique : Erwan Le Gal.

Décorateur plateau : Célia Marolleau.

Effets spéciaux (sociétés) : NC.

Montage : NC

Casting : Clément Morelle.

Musique : NC

Costumes : NC

Interprètes : Camille Cottin (La Reine), Lyna Khoudri (Line), Fabrice Luchini (Belzébuth), Anamaria Vartolomei (Jane), Brandon Vlieghe (Jony), Bernard Pruvost (Van der Weyden), Philippe Jore (Carpentier), Bilal Gharbi, Julien Manier (Rudy)...

Date de sortie française : 21 Février 2024 (Cinéma)

Budget estimé : 8M€.