Un mystérieux engin volant à une vitesse incroyable est entré dans l'atmosphère terrestre, parcourant de nombreux continents, il finit par atterrir dans un parc de Washington aux Etats-Unis.
Un extra-terrestre descend de la soucoupe et demande à rencontrer le chef terrien. Des militaires soupçonneux lui tirent dessus, l'extra-terrestre est en fait un être ressemblant traits pour traits aux terriens et celui-ci est blessé. Un robot descend alors de la soucoupe à l'air beaucoup moins sympathique et détruit toutes les armes des militaires avant de se poster devant la soucoupe.
Klaatu, l'extra-terrestre est quant à lui emmené dans un hôpital pour y être soigné. Vite rétabli, à la stupeur des médecins il décide d'employer des méthodes plus démonstratives pour montrer sa supériorité et espérer rencontrer les grands responsables de la Terre pour leur transmettre le message dont il est porteur. Pour cela, il va devenir un humain comme les autres et côtoyer les terriens de plus près.
Sur les conseils d'un professeur, dont il est devenu l'ami, il va arrêter toute énergie sur Terre pendant une demi-heure... Sa démonstration a été convaincante, mais il est maintenant recherché activement par la police et les militaires qui vont finir par le tuer. Son robot Gort viendra à son secours et lui redonnera la vie...
Juste le temps pour lui de délivrer son message de paix aux habitants de la terre qu'il met en garde contre l'utilisation de la puissance atomique et des risques que la Terre peut faire encourir à l'équilibre précieux de tout l'univers.
Paranoïa rouge
Dans les années 40, les Etats-Unis et les américains sont atteints d'une psychose paranoïaque due aux conséquences de la deuxième guerre mondiale. Pendant la période 1940-1945, le despotique FBI, véritable état dans l'état, traque les agents d'autres nations (russes par exemple) qui se sont infiltrés sur le sol américain. On épie son voisin, on se méfie de ses moindres faits et gestes…
Durant les années 50, la traque devient politique : on soupçonne toute personne ayant des convictions socialisantes vite assimilées à un communisme pur et dur. Parallèlement, une autre psychose fait la une des journaux : celle des soucoupes volantes. La peur d'être envahi insidieusement par des extra-terrestres se dessine…
L'Amérique traverse une crise grave en Corée, le sénateur McCarthy traque tous ceux qui ont des sympathies rouges. Tout semble donc propice aux films de martiens issus eux aussi d'une planète où le rouge domine.
Des ambitions pacifiques
Contrairement aux films de cette période comme par exemple "Les envahisseurs de la planète rouge" de William Cameron Menzies, les visiteurs du "Jour où la terre s'arrêta" ont des visions beaucoup plus pacifiques.
Klaatu, l'extraterrestre qui descend de la soucoupe volante posée en plein cœur de Washington, est venu pour mettre les hommes en garde contre l'arme atomique. L'équilibre de l'univers est en jeu et dans cet ensemble harmonieux, la Terre et la race humaine font figure d'enfants jouant avec des allumettes.
L'accueil des humains est loin d'être amical. Pour échapper à une chasse à l'extra-terrestre, Klaatu se glisse parmi les hommes pour mieux en connaître leurs pensées. Mécontent du manque d'humanité des terriens, Klatu décide alors que la seule façon d'obtenir l'attention des habitants de Terre est de leur faire une démonstration de sa supériorité.
Avant son départ, il lancera un dernier avertissement : "Les gens des autres planètes n'ont pas l'intention d'intervenir dans vos affaires. J'étais venu en messager de paix. Vous ne m'avez pas compris. Je retourne vers mon peuple en vous disant que, si vous aggravez, par de nouvelles expériences atomiques, le danger qui pèse sur l'univers, nous n'hésiterons pas à vous détruire."
Une satire sociale
Par l'intermédiaire d'un film de science-fiction à la facture traditionnelle, Robert Wise envoie lui aussi un message à la bonne conscience de l'Américain moyen. La critique est d'autant plus forte que le style est réaliste, les effets spéciaux sont limités au stricte nécessaire : une soucoupe volante, un robot, même l'extra-terrestre a figure humaine. Le cinéaste nous fait une description quasi documentaire de la société américaine : Robert Wise a déjà abordé des problèmes épineux au cœur de l'actualité comme l'abolition de l'esclavage, la violence ou la lutte contre le totalitarisme. Le film sera considéré comme la première oeuvre majeure du cinéma S-F américain.
Après Klaatu, les films d'extra-terrestres seront divisés en deux clans : les invasions de martiens sanguinaires et totalitaires ou les visiteurs jetant un regard complaisant sur notre civilisation!
Certains verront même dans le film, une représentation moderne et allégorique du Christ. Klaatu est l'archétype de Jésus recherchant la vérité humaine. Les parralèles avec l'histoire messianique sont nombreux : il vient du ciel, se mêle aux hommes sous le nom de Carpenter (charpentier), se heurte à leur incompréhension, meurt et renaît pour les sauver. Philosophiquement, le film est un regard magistral sur les bons et les mauvais côtés de la nature humaine qui peut, avec la science, engendrer aussi bien les découvertes bienfaisantes que les plus terribles des cataclysmes. L'histoire montre cet étranger, semblable aux humains par sa forme, errer dans les rues de Washington D.C. découvrant les progrès de l''homme et les entraves qui existent pour leur progression.
Il est sûr que cette vision humaniste des extra-terrestres ne peut que trancher par rapport aux productions de l'époque. Si le film est considéré actuellement comme un chef d'œuvre de la science-fiction et du cinéma, c'est parce que son sujet à des résonances encore actuelles. La maîtrise de l'énergie atomique reste au centre des préoccupations modernes, les différents incidents des centrales atomiques de Three Miles Islands aux Etats-Unis, de Tchernobyl dans l'ex-URSS, ou plus récemment au Japon sont autant d'indicateurs des dangers du nucléaire et des faiblesses des protections mises en place.
Par son traitement simple et dénué d'effets spéciaux imposants, Robert Wise a réalisé un chef d'œuvre du film de SF dont le sujet résonne encore cinquante ans après sa sortie en salles.
Le jour où la terre s'arrêta A Washington D.C.../ à Paris / La soucoupe atterrit dans Washington D.C. / Les militaires entourent la soucoupe / Klaatu délivre son message de paix. / La soucoupe quitte Washington.
Klaatu barada nikto!
"Klaatu barada nikto!" est l'une des phrases célèbres du film de Robert Wise, prononcée par Patricia Neal. Elle prononce cette phrase car Klaatu (Michael Rennie) lui a donné l'ordre de la prononcer devant son robot Gort dans le cas où il serait en danger. Selon une explication de Aeon J. Skoble, dans une étude philosophique sur le film, elle servirait à empêcher de mettre en marche le système de destruction automatique de la planète par le robot si l'émissaire extra-terrestre était tué.
La phrase devenu culte n'a pas de traduction officielle dans le film mais l'orthographe est d'origine dans le script Edmund H. North, où il développe une pseudo langue extra-terrestre.
Dans le navigateur Mozilla Firefox se cache un easter egg en hommage au film lorsque l'on tape "about:robots" dans la barre d'adresse ! Il existe d'autres références à la phrase dans Tron (1982), Star Wars : Le retour du Jedï (1983), Planète 51 (2010)...
Le film aura un remake réalisé par Scott Derrickson, beaucoup moins réussi, sorti le 10 décembre 2008 avec Keanu Reeves dans le rôle de Klaatu.
L'ultimatum de Klaatu aux terriens :
« Je pars bientôt, vous m'excuserez si mes paroles sont brutales. L'univers est plus petit chaque jour, et la menace d'une agression, d'où qu'elle vienne, n'est plus acceptable. La sécurité doit être pour tous ou nul ne sera en sécurité. Cela ne signifie pas renoncer à la liberté mais renoncer à agir avec irresponsabilité. Vos ancêtres l'avaient compris quand ils ont créé les lois et engagé des policiers pour les faire respecter. Sur les autres planètes, nous avons accepté ce principe depuis longtemps.
Nous avons une organisation pour la protection mutuelle des planètes et la disparition totale des agressions. Une autorité aussi haute repose bien sûr sur la police qui la représente. En guise de policiers, nous avons créé une race de robots. Leur fonction est de patrouiller dans des vaisseaux tels que celui-ci, et de préserver la paix. Pour les questions d'agression, nous leur avons donné les pleins pouvoirs. Ces pouvoirs ne peuvent être révoqués. Au premier signe de violence, ils agissent contre l'agresseur. Les conséquences de leur mise en action sont trop terribles pour s'y risquer.
Résultat : nous vivons en paix, sans arme ni armée, ne craignant ni agression ni guerre, et libres d'avoir des activités plus profitables. Nous ne prétendons pas avoir atteint la perfection, mais nous avons un système qui fonctionne.
Je suis venu vous donner ces informations. La façon dont vous dirigez votre planète ne nous regarde pas. Mais si vous menacez d'étendre votre violence, votre Terre sera réduite à un tas de cendres. Votre choix est simple : joignez-vous à nous et vivez en paix ou continuez sur votre voie et exposez-vous à la destruction.
Nous attendrons votre réponse. La décision vous appartient. »
L'extra-terrestre Klaatu prend les traits de l'humain dénommé Michael Rennie. Ce dernier est né le 25 Août 1909 en Angleterre à Bradford dans le Yorkshire. Sa carrière a été incontestablement marquée par son rôle de Klaatu l'extra-terrestre, au faciès quasi imperturbable du film "Le Jour où la terre s'arrêta".
L'année d'après on a put le voir dans le rôle de George Travers dans l'Affaire Cicéron (5 Fingers). Cantonné dans les rôles de policiers ou d'officiers, on le retrouva en 1969 dans "Dracula contre Frankenstein" en 1969 endossant la blouse du Dr Odo Warnoff. Il a également tenu le rôle de Jean Valjean dans une version des Misérables de 1952.
Sa silhouette a également fait des apparitions dans de nombreuses séries télévisées :
- "Les envahisseurs" dans le rôle de Pierre Alquist (épisodes "Summit Meeting Part 1 et 2" 2ème saison épisodes 9 et 10), toujours dans "Les envahisseurs" dans le rôle de Magnus (épisode "L'innocent" -10ème épisode de la première saison)
- "Au cœur du temps" (The Time Tunnel) dans le rôle de "Captain Malcolm Smith" dans l'épisode: "Rendez-vous avec hier" (1er épisode de la première saison du 9/9/1966)
- "Perdus dans l'espace" (Lost in space" (1965), dans le rôle de "The Keeper" dans les épisodes : "The Keeper" (épisodes 16 et 17 de la première saison) 1/19/1966
Ainsi que dans les séries Perry Mason, "The FBI" (inédite en France), Batman, Le virginien et Alfred Hitchcock présente…où il fait quelques apparitions remarquées.
Michael Rennie est décédé en 1971 dans le comté de Yorkshire en Grande-Bretagne…
Patricia Neal, de son vrai nom Patsy Louise Neal, est native du Kentucky en 1926. Patricia Neal est apparue de nombreuses fois dans des séries télévisées à succès comme La petite maison dans la prairie(1974), Les incorruptibles (1959), Kung-Fu (1972)…
Elle a lutté pour le droit des femmes aux Etats-Unis dans les années 60 et son histoire a été retracée dans le film, "L'Histoire de Patricia Neal ", avec Glenda Jackson.
Le jour où la terre s'arrêta (Day the Earth Stood Still), Robert Wise, 1951, Etats-Unis. Noir et blanc. Son d'origine : Mono. Format d'image : 1.33.
Réalisateur : Robert Wise. Durée : 1h32.
Production : 20th Century Fox.
Distributeurs : · 20th Century Fox Film Corporation (Etats-Unis), Fox Video (laserdisc), CBS/Fox Video (video).
Scénaristes : Edmund H. North d'après le récit "Farewell to the Master" de Harry Bates.
Producteur : Julian Blaustein.
Producteur exécutif : Darryl F. Zanuck.
Musique originale : Bernard Herrmann.
Photographie : Leo Tover.
Montage : William Reynolds.
Direction artistique : Addison Hehr , Lyle R. Wheeler.
Décorateur de plateau : Claude E. Carpenter, Thomas Little.
Décors : Lyle Wheeler.
Création des costumes : Perkins Bailey (le costume de Klaatu), Travilla.
Maquillage : Ben Nye.
Son : Harry M. Leonard, Arthur L. Kirbach.
Effets spéciaux photo : Fred Sersen.
Effets spéciaux : Ray Kellogg, L.B. Abbott, Emil Kosa.
Interprètes : Michael Rennie (Klaatu), Patricia Neal (Helen Benson), Hugh Marlowe (Tom Stevens), Sam Jaffe(le Professeur Jacob Barnhardt ), Billy Gray (Bobby Benson), Frances Bavier (Mme Barley), Lock Martin (Gort), John Brown (Mr. Barley), John Burton (l'homme de la radio britannique), Wheaton Chambers (Mr. Bleeker), Frank Conroy (Mr. Harley), James Craven (un businessman), Marjorie Crossland (Hilda), Elmer Davis (lui-même), Lawrence Dobkin (le physicien de l'armée américaine), Edith Evanson (Mme Crockett)...
Dates de sortie : 18 Septembre 1952 (France), 18 Septembre 1951 (Etats-Unis). Date de reprise : 3 janvier 2018 - Version restaurée.
Autre titre français : Mission spatiale - Le jour où la terre s'arrêta.
Laurent Griffon ****
Pour moi, l'un des éléments les plus frappants de ce chef d'oeuvre se situe au début au moment où l'armée américaine encercle la soucoupe volante (ou nef astrale). On y voit d'une part les soldats américains crispés et tendus prêts à faire feu à volonté sur Klaatu et de l'autre côté les civils qui eux, sont totalement émerveillés de l'évènement qu'ils vivent à ce moment là.
Malheureusement, la raison d'état aura tôt fait de briser l'harmonie qui s'était semble t-il établie inconsciemment entre les civils et l'extra terrestre allant même à friser la catastrophe complète quand, Klaatu abattu par la police, Gort, le robot se mettra en marche pour son oeuvre de destruction de l'humanité. Heureusement pour nous Patricia Neel aura le temps de dire à la créature de métal le fameux "Klatoo Barada Niktoo" pour éviter la fin du monde.
*Le hors-champ est la partie de la scène qui n'apparaît pas dans un plan d'un film parce qu'elle n'est pas interceptée par le champ de l'optique de la caméra que ce champ soit invariable (plan fixe), ou variable (plan où la caméra effectue un mouvement (panoramique et/ou travelling) et/ou un zoom).
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