Un groupe de criminels condamnés à mort accepte de participer à une mission spatiale gouvernementale, dont l'objectif est de trouver des sources d'énergie alternatives, et de prendre part à des expériences de reproduction...
POINTS POSITIFS ET NEGATIFS
+ Une version sexy de 2001, l'odyssée de l'espace ?
- Dans l'espace, tout ça pour ça ?
Le choix de Robert Pattinson.
Le projet de High Life est né de la rencontre entre Claire Denis, la réalisatrice et un producteur anglais qui lui a demandé si elle souhaitait participer à une série de films dont le thème générique serait "Femmes fatales". Le financement du film co-produit par des Français, des Allemands, des Polonais et des Américains a pris 6 ans. Durant cette période, la réalisatrice a recherché son acteur principal, elle déclare : "L’idéal à mes yeux pour le rôle principal de Monte c’était Philip Seymour Hoffman. Et puis il est mort brutalement. Le directeur de casting écossais m’a dit, « il y a un autre acteur qu’il faut absolument que tu rencontres, c’est Robert Pattinson». Au début, je trouvais qu’il était trop jeune, que ça n’irait pas. En plus, sa beauté m’intimidait. Je l’avais aussi vu dans les deux films qu’il a tourné avec David Cronenberg, Cosmopolis en 2012 et Maps to the Stars en 2014. Un soir à l’hôtel je me suis rendu compte que c’était bête de rechercher éperdument un double de Philip Seymour Hoffman. Robert s’est alors imposé comme une évidence. "
Le choix de Juliette Binoche
Juliette Binoche est arrivée plus tardivement dans le projet du film,
Claire Denis terminait avec elle son précédent film "Un beau soleil intérieur". En mai 2017, alors que Patricia Arquette, l'actrice choisie en premier lieu, est retenue pour la suite de la série Medium où elle joue le rôle principal, alors que le tournage est prévu en Septembre. La réalisatrice part part présenter son film à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes avec Juliette Binoche. Claire Denis raconte : "Juliette m’a dit tout simplement «c’est vrai que tu as perdu ton actrice principale? Ben moi, si tu veux, je crois que je pourrais faire l’affaire». Je tiens à préciser qu’à mes yeux Juliette n’est pas une remplaçante. On avait connu un tel bonheur de complicité sur le tournage du Beau soleil intérieur. Pour ce rôle de Dibs la doctoresse, qui est un peu un Docteur Folamour dans l’espace, un rien cinglé et dangereux, j’ai proposé à Juliette qu’elle apparaisse avec des cheveux très noirs et très longs qui auraient infiniment poussé pendant le voyage interstellaire. Juliette a aimé l’idée. Ça m’a permis d’imaginer avec elle une autre Juliette que celle qu’on avait inventé dans Un Beau soleil
intérieur. Mais toujours aussi créative, inventive, presque une nouvelle Eve."
Prison spatiale
High Life explore le destin commun d'un groupe de délinquants, d’une communauté de condamnés à mort qui, en échange de leur pseudo-liberté, ont accepté d’être envoyés dans l’espace pour servir de cobayes à des expériences plus ou moins scientifiques sur la reproduction, la grossesse, la naissance, sous la haute surveillance d’une doctoresse qui, elle aussi, a un lourd casier judiciaire.
C’est une prison dans l’espace, une colonie pénitentiaire où tous les détenus sont plus ou moins à égalité. Une sorte de phalanstère où personne ne commande vraiment, même la femme médecin, préposée au recueil de sperme des hommes, qui est comme la reine des abeilles. C’est la patronne de tout, la reine mère. Mais le vrai chef, le seul pilote absolu et imperceptible, c’est la machine du vaisseau spatial, un ordinateur qui peut tous les emmener jusqu’à un trou noir, jusqu'à l’infini, jusqu’à la mort. Leur seul bien commun, c’est l’anglais, qui est la langue internationale, avec le russe, parlé dans les missions spatiales contemporaines.
L’anglais, ou plus exactement l’américain la langue parlée dans le film, relève d’une autre nécessité. La réalisatrice voulait qu’en arrière-plan, on songe à un pays où la peine de mort existe encore, en l’occurrence certains états des États-Unis.
Le bébé
Le bébé dans le film est une fille prénommée Scarlett. C'est la fille de Sam, l'ami d'enfance de Robert Pattinson. Elle a fait ses premiers pas sur le plateau de tournage dans le vaisseau spatial!
En apesanteur
Tous les acteurs du film ont suivi un entrainement au Centre aérospatiale
de Cologne, équivalent au parcours de formation des astronautes, y compris dans une machine qui pendant quelques instants recrée l’apesanteur.
Scènes terrestres
Une scène du film montre un flash back qui se déroule sur Terre. Claire Denis explique : "La scène a été tournée sur le toit d’un train, à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. C’est un train de sans-domiciles clandestins où l’on reconnait quelques habitants de la station spatiale. S’agit-il de leur passé ? Je n’en suis pas certaine. Pour moi, c’est plutôt une
citation mélancolique qui évoque aussi bien Sur la route de Kerouac que ces convois de marginaux qui sillonnent l’Amérique d’est en ouest. Trains, ponts, forêts. Une autre couleur qui conteste la couleur dominante du film.
D’ailleurs cette scène a été tournée en 16mm." Toutes les scènes terrestres ont été tournées en 16mm.
Trois images de la Terre.
Sur les écrans des ordinateurs de la station spatiale, on aperçoit uniquement trois images de la Terre. Un match de rugby quelconque,
un film de famille, un ancien documentaire.
Le documentaire est extrait de In the Land of the Head Hunters, une fiction réalisée en 1914 par Edward S. Curtis, avec le concours des Indiens Kwakiutl de l’île de Vancouver au Canada. La réalisatrice explique ses choix : "Curtis a voué sa vie à conserver la mémoire et les traditions indiennes en cours de disparition On lui doit la fameuse encyclopédie photographique The North American Indian. J’ai choisi une scène où l’on voit des indiens autour d’un feu pour une cérémonie funéraire. Pour moi, ce n’est pas une image de pitié, de compassion ou de nostalgie mais une image de profonde tristesse. Que sont-ils devenus ? L’autre extrait vient d’un film de famille où l’on voit mon petit neveu sur une plage se jetant dans les vagues. Et enfin, un film amateur depuis les tribunes d’un match de rugby. Ces trois sortes d’images moulinées par la pixellisation des ordinateurs sont comme des archives du temps passé, perdu, et qui ne sera jamais retrouvé. "
Influences cinématographiques
La réalisatrice ne s'est pas sentie inspirée par les films de science-fiction récents qu'elle trouve "trop conquérant, c'est à dire un peu trop policés avec des Kens et des Barbies flottant en apesanteur dans des vaisseaux spatiaux profilés comme des jouets pour enfants.". C'est du côté de 2001, Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick qu'elle tire ses références : "Si on entreprend de raconter l’histoire d’un vaisseau spatial qui sort du système solaire, 2001 surgit comme un diable de la boîte à souvenir. Donc, il faut oublier 2001 même s’il est là à jamais dans nos cellules mentales, dans nos corps. Et puis oublier aussi Solaris, le film de science-fiction de Tarkovski. À côté des studios où j’ai tourné en Allemagne il y avait une mare avec des saules pleureurs." [Dans Solaris, Tarkovski place son décor terrestre autour d'une traditionnelle datcha russe, toute proche d'une mare entoure de saule pleureurs...]. "Et là je pensais à Stalker de Tarkovski aussi. Mais contrairement à Kubrick, Tarkovski ne bloque pas l’imaginaire, il le libère, l’attise. Solaris ou Stalker, ce sont des films qui comme des génies
bienveillants me protègent, m’encouragent, m’inspirent."
Le chiffre 7
Tous les passagers du vaisseau spatial portent un même uniforme, une sorte de combinaison de travail, où est brodé le chiffre 7 : le 7 c’est le chiffre du vaisseau spatial, qu’on leur a quasiment tatoué sur le corps. Ce qui
induit qu’il y a probablement beaucoup d’autres vaisseaux du même genre. À un moment important du film, le numéro 7 va d’ailleurs s’arrimer
à un autre vaisseau, le numéro 9, où apparemment n’ont survécu que des chiens, à moins que ce soit un autre genre d’expérience scientifique
en cours, uniquement avec des chiens... Claire Denis explique : "Je tenais à cette rencontre avec l’animalité, comme miroir de la nôtre, comme contestation de notre pseudo humanité et du sort souvent cauchemardesque que nous réservons aux animaux dits domestiques. Le premier être vivant à être envoyé dans l’espace fut un chien, la chienne russe Laïka, qui n’a pas survécu à son retour sur Terre!"
Décors
L'artiste conceptuel danois-islandais Ólafur Eliasson, connu pour ses sculptures et ses installations à grande échelle utilisant des matériaux élémentaires tels que la lumière, l'eau et la température de l'air, a conçu les installations lumineuses du vaisseau spatial.
High Life, un film dérangeant?
Lorsqu'il a été présenté au Festival de Toronto, le film aurait provoqué des nausées et des évanouissements. Pour Juliette Binoche : "Mais le film est clairement provoquant, et je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose, je pense que ça peut être très productif car ça secoue. Un film peut parfois montrer des choses qu’on n’a pas envie de voir. Après je ne pense pas que ce soit de la provocation pour de la provocation. Ce n’est pas de la provocation gratuite."
L'actrice Mia Goth s'explique elle aussi : "Nous parlons de choses très naturelles, comme la sexualité, le désir, le besoin d’entrer en contact. Les gens sont prudes avec ça. Et dans le même temps, il y a les armes, la violence… C’est très révélateur de ce que nous sommes en tant que personnes."
Juliette Binoche poursuit : "Nous allons tout droit vers un grand trou. C’est suicidaire d’être si passif par rapport à ce qu’il se passe dans le monde aujourd’hui, et la façon dont nous traitons notre Terre. Nous sommes comme dans une machine suicidaire que nous avons créée. Voulons nous arrêter ça ? Devons nous provoquer les politiciens pour qu’ils prennent leurs responsabilités ? Voulons-nous du changement dans nos propres vies ? Eteindre la lumière dont nous n’avons pas besoin par exemple. Pourquoi mettre la climatisation quand il fait bon ? Ce système est tellement malade. Le film en est le reflet. Ca peut aussi provoquer en ce sens. Pourquoi pas."
High Life (id.), 2018, Claire Denis, Etats-Unis
Réalisateur : Claire Denis.
Scénario : Claire Denis, Jean-Pol Fargeau, Geoff Cox et Nick Laird (consultant).
Durée : 1h50.
Productions : Alcatraz Films, Andrew Lauren Productions (ALP), Arte France Cinéma (co-production), BFI Film Fund, Canal+ (avec la participation de), Madants, Pandora Filmproduktion, The Apocalypse Films Company.
Distribution France : Wild Bunch Distribution
Producteurs : Laurence Clerc, Christoph Friedel, D.J. Gugenheim, Andrew Lauren, Klaudia Smieja, Claudia Steffen,Olivier Thery Lapiney, Beata Rzezniczek (line producteur: Pologne) .
Co-producteur : Olivier Père.
Producteur associé : Anna Rozalska.
Effets spéciaux : BUF.
Directeur de la photographie : Yorick Le Saux, Tomasz Naumiuk (Pologne).
Montage : Guy Lecorne.
Casting : Piotr Bartuszek (Pologne), Des Hamilton.
Décorateurs de production : Ólafur Eliasson, François-Renaud Labarthe, Jagna Dobesz, Mela Melak.
Direction artistique : Bertram Strauß.
Décorateur plateau : Susan Gohsmann
Costumes : Judy Shrewsbury.
Musique : Stuart Staples Tindersticks.
Interprètes : Robert Pattinson (Monte), Juliette Binoche (Dr. Dibs), André Benjamin (Tcherny), Mia Goth (Boyse), Lars Eidinger (Chandra), Agata Buzek (Nansen), Claire Tran (Mink), Ewan Mitchell (Ettore), Gloria Obianyo (Elektra), Scarlett Lindsey (Willow, bébé), Jessie Ross (Willow, adolescent), r
Victor Banerjee (Le professeur), Juliette Picollot (La journaliste), John Kimani Njeri (Le prisonnier)...
Date de sortie USA : 2 Octobre 2018.
Date de sortie française : 7 Novembre 2018.
*Le hors-champ est la partie de la scène qui n'apparaît pas dans un plan d'un film parce qu'elle n'est pas interceptée par le champ de l'optique de la caméra que ce champ soit invariable (plan fixe), ou variable (plan où la caméra effectue un mouvement (panoramique et/ou travelling) et/ou un zoom).
Chers visiteurs,
Nous avons créé ce site avec passion pour vous offrir des informations sur les films 🤖 fantastiques et de 🛸 science-fiction.
Pour nous aider à faire vivre SFStory, tous vos achats par l'intermédiaire des liens images ci-dessous, nous permettrons de boire quelques 🍺 bières mais nous aiderons surtout à développer le site pour continuer à répondre à vos attentes.
Un grand merci d'avance pour votre soutien !
Rechercher sur SFStory :
SFSTORY - Cent ans de cinéma de science-fiction
Toutes les photographies et jaquettes de ce site web sont protégées par les lois sur le copyright. Tous documents visuels de ce site sauf mentions particulières sont la propriété des auteurs ou des studios de cinéma respectifs. Vous n'êtes autorisés à télécharger et à imprimer tous les documents visuels que pour une utilisation dans le cadre privé. Pour les jaquettes (covers), uniquement dans le cadre d'un remplacement d'un original perdu ou détérioré. L'éditeur de ce site ainsi que son hébergeur ne sauraient être tenus pour responsable d'une utilisation autre que celle prévue dans cette mise en garde.
Les textes du site sauf mentions particulières du nom de l'auteur de certains articles ou critiques sont la propriété du sitemestre.
Les liens externes pour des sociétés ou des sites à caractères commerciaux ne sont là que pour vous informer de la possibilité de visionner les livres, films ou séries TV nommés. SF-Story ne peut être tenu responsable des transactions effectuées à partir de ces liens. Vous devez accepter ces conditions pour accéder au site.
SF Story n'a qu'un seul but : vous faire apprécier le cinéma de science-fiction!