LA MARTIENNE DIABOLIQUE (1954)

L'histoire

Un vaisseau spatial martien s'écrase dans les Highlands écossais près d'une petite auberge. Nyah, une extraterrestre martienne impitoyable, et son robot géant descendent du vaisseau avec une mission inquiétante : capturer des hommes humains pour les ramener sur Mars, où la population masculine est devenue stérile à la suite d'une guerre des sexes. Les clients et les employés de l'auberge sont pris au piège sous un champ de force mis en place par Nyah, et ils doivent trouver un moyen de s'échapper avant que la Martienne ne réussisse son plan.


L'AVIS DE SF-STORY***

POINTS POSITIFS ET NEGATIFS

 

+  Une martienne en cuir et latex recrute des hommes sur la Terre pour regénérer sa race.  

- Un lieu unique : la lande écossaise en plein hiver, elle aurait pu trouver mieux ! 

Film de SF britannique de série B, La martienne diabolique, titre français accrocheur de Devil Girl From Mars (pas de diable ici, mais il paraît qu'il se cache dans les détails) ne connaitra pas de diffusion dans les salles françaises lors de sa sortie. Tourné il est vrai dans un décor quasi unique, une auberge perdue dans la lande écossaise, le film pêche par son manque de moyens évidents. Les allers-retours entre l'auberge et la soucoupe, les tergiversations sur le ou les volontaires désignés d'office devant partir pour la planète rouge trahissent un scénario limité et sans réels enjeux. Les effets spéciaux sont pourtant réussis et la plastique de la belle Nyah pourrait embarquer sans force les hommes sans l'utilisation de son regard hypnotique et son pistolet laser.

Le discours féministe pointe un peu lorsque Nyah déclare que le martiennes se sont rebellées de l'asservissement aux hommes il y a de nombreuses années, bien avant la Terre... Par son côté provocateur et érotisant recherchant des hommes pour un unique besoin de procréation, le personnage de Nyah est aussi l'antithèse de la terrienne Ellen, interprétée par Hazel Court, qui souhaite rencontrer un homme pour se marier et fonder une famille. 

Nyah, son regard accrocheur et son costume sexy en latex sont les marqueurs du film, le reste est malheureusement oubliable. Faute d'un quasi huis clos réducteur : le film est tiré d'une pièce de théâtre, voici une rencontre du troisième type qui mangue d'envergure, cette femme martienne émancipée méritait mieux !

HORS-CHAMP*

L'histoire

 

Une soucoupe volante atterrit dans les hautes terres écossaises près d'une vieille auberge. En sort une martienne appelée Nyah (Patricia Laffan), accompagnée de Chani, un robot indestructible aux caractéristiques humaines mais amélioré grâce à un cerveau électronique. Elle rencontre les personnes qui se trouvent dans l'auberge et leur annonce qu'elle est venue sur Terre pour collecter des hommes à des fins de reproduction sur sa planète. En effet, il y a de nombreuses années longtemps, les femmes martiennes ressemblaient aux femmes terrestres (autrement dit elles étaient asservies à l'homme). L'émancipation des martiennes a pris des centaines d'années et a abouti à une dévastatrice guerre des sexes que les femmes ont gagné. Les mâles étant désormais en déclin, la natalité a diminué, la martienne est donc là pour récolter les hommes les plus robustes et régénérer la race martienne.

Dans l'auberge se trouve : un journaliste, qui espère que cette histoire sera le scoop de sa vie, un vieux scientifique avide des connaissances martiennes, une femme de ménage de l'auberge qui reçoit la visite impromptue de son petit ami Albert, un prisonnier en fuite...

Après plusieurs tergiversations sur qui va accompagner la martienne, Albert se porte finalement volontaire...

Une production Danzingers

 

Le film est produit par Les Danzingers (tel que décrit au générique) : ce sont deux frères américains Edward J. Danziger (1909–1999) et Harry Lee Danziger (1913–2005), qui seront producteurs de nombreux films et émissions de télévision britanniques durant les années 1950/1960. Aux débuts de la télévision, de nombreuses émissions américaines sont ainsi tournées en Grande-Bretagne. Les deux frères seront les producteurs du film de SF Satellite in the Sky (1956) de Paul Dickson, premier film de science-fiction britannique tourné en Cinemascope et WarnerColor dont les effets spéciaux seront réalisés par Wally Veevers, qui travaillera plus tard sur 2001, l'Odyssée de l'espace (1968) de Stanley Kubrick.

En 1953, les Danzingers produisent une série à succès Calling Scotland Yard dont la réalisation aux studios studios Shepperton se termine plus tôt que prévu : Les Daniziger disposent ainsi de 10 jours d'espace studio payant à utiliser. Le scénariste John C. Mather reçoit alors les directives des producteurs d'utiliser le temps de studio restant en travaillant sur un long métrage. Devil Girl From Mars est co-écrit avec James Eastwood en quelques jours tiré d'une obscure pièce de théâtre de l'auteur, alors que John téléphone à Londres pour trouver des acteurs disponibles et fait préparer les décors.

Economies de tournage

 

Les décors se réduisent à trois lieux : l'auberge, la lande écossaise et la soucoupe volante pour des questions de budget, tous conçus aux studios Shepperton par le directeur artistique Norman G. Arnold, un vétéran britannique qui débute sa carrière dès 1923. Il œuvrera sur plus de 120 films dont le film de SF Masters of Venus (1961) d'Ernest Morris où un vaisseau spatial en provenance de la Terre atterrit sur la planète Vénus et rencontre une race d'êtres que l'équipage commence à soupçonner de descendre de la cité perdue de l'Atlantide.

Dans le même souci d'économie, le compositeur Edwin Astley réutilise la bande originale de la série télévisée Saber of London pour le film, produite par les mêmes Dazinger.

 

Le monteur sonore du film est Gerry Anderson, crédité sous le nom de Gerald Anderson au générique. Ce nom est bien connu des amateurs de SF, il créera avec son épouse Sylvia des séries télévisées britanniques telles que Thunderbirds (1965), connu par le public français sous le titre Les Sentinelles de l'air. Une série, en deux saisons de 32 épisodes de 50 minutes, utilisant uniquement des marionnettes  pour incarner les personnages pilotant des engins futuristes. En France, elle sera diffusée dans un premier temps sous le titre Les Aventures de Lady Pénélope dont seuls les treize premiers épisodes sont vus en 1976 le dimanche après-midi sur Antenne 2. Par la suite, la série seraé rediffusée sous le titre Les Sentinelles de l'air en 1980, toujours sur Antenne 2, le mercredi après-midi, puis en 1994 sur M6 et finalement au début des années 2000 sur Canal Jimmy.

Les Anderson produiront un film de SF en 1969 : Danger, planète inconnue / Doppelgänger de Robert Parrish avec Roy Thinnes où deux explorateurs partent explorer une planète semblable à la terre de l'autre côté du soleil.

Dans les années 70, ils créeront deux séries de SF majeures : UFO, Alerte dans l'espace (1970-71) et surtout la série Cosmos 1999 (1975-1977) qui marquera indubitablement la rétine des téléspectateurs français passionnés de SF et qui sera diffusée dans le cadre de l'émission Temps X.

Nyah, une martienne en latex

 

Le personnage de la martienne Nyah interprétée par Patricia Laffan marque les esprits à la vision du film. Son costume en PVC est créé par John Sutclife d'AtomAge, designer et éditeur britannique de magazine fétichiste sur les tenues en PVC, en cuir et en latex !  Le costume de Devil Girl façonne beaucoup le personnage : sorte de Dark Vador au féminin avant l'heure. Durant le tournage, l'actrice n'était pas  autorisée à manger ou à boire en raison des difficultés qu'elle rencontrait pour enfiler et sortir de son costume en PVC, en plus de la chaleur et des difficultés à le porter. 

L'actrice Patricia Laffan avait été trois ans plus tôt à l'affiche de Quo Vadis (1951). Le producteur et les réalisateurs du film (Mervyn LeRoy et Anthony Mann) l'avaient choisie pour le rôle de Poppée, l'épouse de Néron, après avoir vu un essai qu'elle avait fait pour un rôle moins important dans le film. Elle tournera dans À vingt-trois pas du mystère / 23 Paces to Baker Street (1956) d'Henry Hathaway, aux côtés de Van Johnson et Vera Miles, un thriller policier assez réussi (en photo ci-dessous). Elle sera ensuite à l'affiche de plusieurs séries britanniques comme Maigret, Dial 999 ou Le comte de Monte-Cristo...

 

Une icone SF oubliée

 

L'actrice déclarera plus tard que si elle n'était pas devenue actrice, elle aurait probablement été écrivain : elle avait publié plusieurs romans. Lors de son séjour en France en 1946, elle a écrit des scénarios pour la radio parisienne car elle parlait couramment le français.

 

Un extrait du film La Martienne Diabolique la montrant en train de tirer avec un pistolet à rayons est souvent utilisé dans des publicités et des documentaires, comme l'épisode sur l'invention de la télécommande sur la chaîne History Channel « History's Lost and Found » : les premières télécommandes utilisant un faisceau de lumière et ressemblant à un pistolet à rayons.

Sous la peau

 

Le personnage de Nyah et l'histoire de la Martienne Diabolique ont des similitudes troublantes avec le film Under The Skin (2013) de Jonathan Glazer, où l'extraterrestre interprétée par Scarlett Johansson, séduit des hommes au hasard de ses rencontres et se trouve confrontée à leur désir. Elle ser retrouvera d'ailleurs à la fin de son errance morbide dans la lande écossaise comme dans le film de 1954.

La martienne diabolique et Under The Skin ont aussi pu s'inspirer du folklore écossais comme les Baobhan Sith, sortes de créatures vampires femelles qui rôdent la nuit et s'attaquent aux hommes. Sous l'apparence de belles jeunes femmes, elles séduisent leurs victimes avant de les attaquer et de les vider de leur sang.

Un téléfilm de série Z initulé Mars Needs Women (1967) de  Larry Buchanan inversera la principe : cette fois ce seront les Martiens qui viendront sur Terre pour recruter des femmes terriennes afin de procréer.. 


🎬 LES 3 SCENES CLES DU FILM

Voici les trois moments clés du film La Martienne Diabolique  (attention spoilers) :

  1. L'atterrissage du vaisseau spatial : Vers la 8e minute, un ovni massif, au design rappelant des soucoupes volantes, atterrit dans la campagne écossaise. Cette scène met en place l'atmosphère d'anticipation du film et son aspect de menace extraterrestre imminente. Le vaisseau, qui appartient à Nyah, la Martienne, donne le ton de la confrontation entre les Terriens et les forces supérieures de Mars.
  2. L'apparition du robot : Vers la 28e minute, Nyah présente son robot, une machine imposante et mortelle, qui obéit à ses ordres et incarne la menace technologique martienne. Ce robot, sorte de gros réfrigérateur ambulant tout droit sorti des clichés de la science-fiction des années 1950, est sensé être un danger direct pour les personnages humains.
  3. Le sacrifice d'Albert : La scène finale, environ à la 73e minute, montre Albert (Robert Justin) qui se sacrifie en embarquant à bord du vaisseau spatial de Nyah, seulement pour provoquer son explosion. Ce moment est à la fois héroïque et tragique, mettant fin à la mission de Nyah sur Terre et illustrant la capacité de l'humanité à résister, malgré ses faiblesses.

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AFFICHES


GENERIQUE

La martienne diabolique (Devil Girl from Mars), David MacDonald, 1954, Royaume-Uni. 

Son : MonoFormat d'image : 1.80

Réalisateur :  David MacDonald. Durée : 1h17

Productions : Danziger Productions Ltd.

Distribution France : NC.

ProducteursEdward J. Danziger, Harry Lee Danziger (Crédités : Les Danzigers).

Scénario : James Eastwood d'après la pièce de théâtre de John C. Mather et James Eastwood.

Effets spéciaux : Jack Whitehead.

Directeur de la photographie : Jack E. Cox.

MontageBrough Taylor, Peter Taylor.

Musique : Edwin Astley. Son : Gerry Anderson.

Chef décorateur : NC

Direction artistique : Norman G. Arnold.

Décorateur plateau : NC

Costumes : Ronald Cobb (costume de Nyah)

Interprètes : Hugh McDermott (Michael), Hazel Court (Ellen), Peter Reynolds (Albert, le prisonnier en fuite), Adrienne Corri (Doris), Joseph Tomelty (Le Professeur),  John Laurie (Mr. Jamieson), Sophie Stewart (Mrs. Jamieson), Anthony Richmond (Tommy), James Edmond (David), Stuart Hibberd (Le journaliste) et Patricia Laffan (Nyah, la martienne).

Date de sortie française : 

Date de sortie Royaume-Uni  : 2 Mai 1954.

Budget estimé

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