MEANDRE (2021)

Survival féminin et icones

Le réalisateur Mathieu Turi s'est inspiré du Aliens de James Cameron. Un passage du film l'a particulièrement marqué,  il indique : "...dans cette scène un personnage doit passer par un tube, très étroit, et le fait qu’il ne puisse pas relever la tête me traumatisait. En réfléchissant à ce concept, j’ai eu envie de renverser le principe du huis clos traditionnel, où les personnages sont coincés et statiques : dans Méandre, la protagoniste doit avancer, progresser tout le temps. Et en repensant à la scène d’Aliens, j’ai ajouté la position couchée aux contraintes pesant sur Lisa car elle est très anxiogène. Je voulais que le film soit viscéral, proche de l’os, sans gras, uniquement basé sur l’expérience du spectateur."

Le réalisateur offre un autre clin d'œil à une icone du cinéma S-F puisque Lisa, l'héroïne est serveuse comme la Sarah Connor du premier Terminator de James Cameron.

Pour sa créature biomécanique qui fait basculer le film vers la science-fiction,  Mathieu Turi voulait qu'elle soit réalisée en animatronique, "avec un côté bricolé, et surtout pas conçue en 3D en postproduction. On s’est rapproché du travail de Giger pour Alien." 

Claustrophobie

Pour accentuer le sentiment de claustrophobie, le réalisateur l'a pensé en tant que spectateur d'un cinéma en jouant sur l'obscurité : "On aurait pu fabriquer un tube très futuriste, éclairé de néons. Mais on voulait que les scènes ne soient éclairées que par le bracelet pour illustrer la pulsion de vie, car c’est elle qui incarne la lumière. Ce dispositif donne un style visuel et ajoute à la claustrophobie : chaque mouvement que fait Lisa offre un éclairage et, sans elle, c’est le noir complet".

Mathieu Turi s'est aussi appuyé sur des courtes focales pour les deux tiers du film avec des objectifs 21 et 28 mm, à très courte focale, en multipliant les très gros plans sur le visage de la comédienne, qui déforment les perspectives, pour accentuer le sentiment d’enfermement.

Une caméra Sony avec système CineAlta, utilisée pour Top Gun2 et Avatar 2 a aussi été utilisée : "L’avantage, c’est qu’on peut détacher le corps de la caméra de la partie objectif, reliée entre elles par un câble, et qu’on peut donc loger l’équivalent d’un gros appareil photo dans  la cage. Du coup, on a pu réaliser des plans incroyables puisque la caméra pouvait se glisser dans des interstices très réduits et des espaces exigus. La mise en scène ajoute à la claustrophobie." déclare le réalisateur.

Gaïa Weiss, une viking prise au piège

Gaïa Weiss est une actrice française d’origine franco-polonaise, formée au Cours Florent, il a ensuite intégré la prestigieuse London Academy for Music and Dramatic Arts. Elle débute sa carrière au théatre, découverte par Francis Huster qui la mettra en scène dans Le Misanthrope, Dom Juan et La guerre de Troie n’aura pas lieu. 

Elle travaille également avec Steve Suissa dans l’adaptation du  Journal d’Anne Frank.

Elle rejoint ensuite les plateaux de série télé en intégrant le casting de la série Vikings qui sera diffusée sur de multiples plateformes History Channel, Amazon Prime Video, Canal+ et Netflix. Deux ans plus tard, elle incarnera la Comtesse de Saint-Germain dans la série américaine Outlander (Netflix), puis elle sera Ippolita Sforza dans Les Médicis en 2020, puis Marianne dans La Révolution.

Embarquée dans Méandre une semaine avant le début du tournage, Gaïa Weiss déclare : "Il y avait une histoire qui semblait façonnable, ce n’était pas un dispositif arrêté, d’autant qu’il y avait très peu de dialogues : il y avait un pitch de départ, mais on sentait qu’une bonne partie des péripéties allaient se passer sur le plateau. Je n’avais jamais tourné de film d’horreur et j’étais très prudente en m’y engageant : j’avais envie d’y apporter une dimension autre. Pour que je puisse le jouer, il fallait que j’y trouve un sens et Mathieu, par chance, était déjà dans cette optique. J’avais vu Hostile (le précédent film de Mathieu Turi) qui se déroulait déjà sur plusieurs dimensions et qui m’avait impressionnée. J’étais donc en confiance."

La métaphore du tube

Gaïa Weiss explique son inspiration pour le personnage de Lisa : "Je me suis inspirée de cette période de mon entrée dans ma vie d’adulte où je faisais le deuil des illusions pour affronter le réel. On le retrouve dans cette métaphore du tube qui est un passage, un rite initiatique. En réalité, on ne sort jamais complètement du tube, car après avoir surmonté une épreuve, on en affronte une autre."

Méandre (id.), 2021, Mathieu Turi, France.

Son : Mathieu Turi. Format d'image : 2.39

Réalisateur :. Durée : 1h27.

Scénario : Mathieu Turi.

Productions : Fulltime Studio, Cinéfrance Studios, Equitime (co-production), WTFilms (co-production), One Bird Films (produit en association avec).

Distribution France : Alba Films (2020).

Producteurs : Julien Deris, David Gauquié, Eric Gendarme, Sandra Karim, Thomas Lubeau.

Co-producteurs : Gregory Chambet, Dimitri Stephanides.

Producteurs délégués :  Marc Olla.

Producteurs assistants :  Fanny Habigand, Franck Tempesti.

Producteur associé : Jordan Sarralie.

Effets spéciaux  : Alexandra Batina, Laurens Ehrmann, Julien Martins (The Yard VFX).

Directeur de la photographie : Alain Duplantier.

Montage : Joël Jacovella

Concepteur production : Thierry Jaulin.

Costumes : Rachel Quarmby-Spadaccini.

Musique : Frédéric Poirier.

Interprètes : Gaia Weiss (Lisa), Peter Franzén (Adam), Romane Libert (Nina), Frédéric Franchitti (Adam Brûlé), Corneliu Dragomirescu (le père), Eva Niewdanski (Lisa adolescente)...

Date de sortie française :  26 Mai 2021.

Budget estimé : NC